mercredi 24 août 2005

Douche froide

C'était décidé: je sortirais jeudi. Et puis comme d'habitude, la tuile.
On m'a trouvé un bacille imbécile. Alors sortie annulée, traitement de cheval pour 3 semaines avec effets secondaires en tous genres.

Ce matin, nouvelle fibroscopie bronchique. Demain scanner. Cet aprem, examen ophtalmo car les médocs flinguent la vue pendant le traitement et qu'il faut un bilan avant/pendant/après...

Après ça les psychologues qui viennent me voir me demandent pourquoi je suis aussi pessimiste, pourquoi je pars du principe que j'ai une vie de merde et que j'ai l'impression d'être un extra-terrestre qui s'est trompé de planète!
Faut quand même reconnaître qu'à chaque fois que quelque chose de bien se profile à l'horizon, il y a systématiquement une tempête qui fout tout en l'air.

Seul point positif à évoquer : j'ai bénéficié d'une permission le week-end dernier.
L'occasion de voir enfin l'appartement que je vais occuper sur Boulogne.

Et puis j'ai reçu samedi et dimanche des visites qui m'ont fait rudement plaisir!
Il faut dire que j'ai assez mal vécu l'isolement en réanimation, alors après cet épisode, j'ai hâte de revoir tout le monde!

La permission c'était aussi l'occasion de manger autre chose que les plateaux repas de l'hopital!
Merci Papa-Maman :-)

Voilà, je n'ai pas été très prolixe sur ce blog... Je n'ai pas trop la tête à ça ni le temps, il faut bien le dire... Enfin c'est la seule excuse bidon que j'ai trouvé ! ;-)

Entre temps, autre tuile, en août, on regroupe et on ferme plein de services dans l’hôpital : résultat des courses, au bout d'une semaine je troquais à nouveau ma chambre spacieuse pour un cagibi, où je suis depuis. C'était pour parfaire le tableau !

dimanche 24 juillet 2005

Joyeux anniversaire, si on veut.

Donc j'ai eu 30 ans le 19 juillet...

Pas un jour faste, hélas. J'étais hs et stressé. Angoissé.
Autant dire que c'est un mauvais souvenir que j'aimerais effacer... Peut-être que je pourrai en atténuer la portée en faisant des mégas teufs ensuite... On verra.

En attendant j'ai trente ans.
Oh mon diiiiiieu ! Déjà ?!
Mais je suis pourtant à peine sorti de l'adolescence !!!

La greffe et ce jour anniversaire m'auront renvoyé dans la gueule mes angoisses et m'aura fait prendre conscience que la peur de la mort m'a empêché de vivre autant que la maladie elle-même.
Ma mort, bien-sûr mais aussi celle de mes proches dont je suis encore si dépendant pour une personne de trente ans !

En voyant mes parents me coocooner autant, une jeune infirmière m'a envoyé dans la gueule que c'était de l'infantilisme avec un air plus ou moins méprisant...

Oui et alors ? Après tout. Ces liens sont si fragiles parfois... Ça vous débecte de savoir qu'entre nous ils sont aussi forts ? Si cette énergie ne m'avait pas été donnée, si je n'avais pas été un enfant, un ado, une jeune adulte cajolé, aurais-je eu envie de cette greffe ?

Ma survie, c'est aussi pour eux. Parce que j'ai envie qu'ils continuent à m'entourer... Je veux encore des câlins, des bisous, des moments à passer ensemble, partager le plus possible avant qu'il ne soit trop tard. Et puis j'ai une obligation morale envers eux aussi. C'est aussi ce qui a fait que je n'ai pas mis mes plans à exécution lorsque j'en avais la possibilité.

Notre société nous pousse à vivre tous en parallèle, à prendre le large.
Mais le modèle social de la tribu est à mes yeux aujourd'hui le meilleur... Je crois que si je pouvais, je réunirais tout le monde dans un grand domaine pour que surtout surtout on ne se perde pas de vue.

Souvent, c'est en fin de vie qu'on cherche à revoir les copains d'enfance avec lesquels les liens se sont distendus, les cousins éloignés, ou les "ex" pour qui ont a passé sa vie à se dire "j'aurais bien le temps de les revoir"... Et puis on se retrouve comme un con au pied de la fosse, et on a que des regrets. Ou pire: des remords.

La perte de mes grands-mères me donne ce sentiment... Pourquoi n'en ai-je pas plus profité plus souvent ? Oui oui à cause de tout cela: des tonnes d'excuses. N'empêche. Aujourd'hui, quel vide !

Alors une chose est sûre, c'est que cette transplantation est loin d'avoir brisé le "clan". On va vivre encore plus forts les semaines et les mois à venir. J'ai une envie folle de revoir tout le monde et de profiter de ma famille.

Mon oncle et ma tante sont passés ce week end pour me voir. Le week end prochain : ce sera mon cousin et sa famille. Entre temps, Henry et Françoise : mon kiné et mon infirmière qui rentrent de Saint Pierre et Miquelon... Greg fera également un saut m'a-t-il dit ...

La semaine prochaine, si tout va bien je passe en chambre normale ! Enfin ! Enfin ça bouge ! Enfin du changement ! Il était vraiment temps...

mercredi 13 juillet 2005

Résumé des événements, épisode 1

Alors tout à commencé le 1er mai... Quand j'y pense, c'est drôle : j'habite impasse du muguet, juste en bas de la "rue du 1er mai"...
Coincidence...

19h : Virginie, ma kiné, débarque à la maison pour une séance de désencombrement. A peine installés, le téléphone sonne. C'est l'hopital Pompidou : un greffon est disponible.

J'avais décliné une première occasion, mais là, je suis tellement mal en point que je n'ai que deux alternatives : refuser et crever à petit feu, ou accepter l'épreuve que je redoute tant.
- j'arrive !

Virginie descend prévenir mes parents qui sont dans le jardin. Ils reviennent un peu affolés...
Mon père prévient les ambulanciers, et la gendarmerie pour nous escorter jusqu'à l'autoroute... Pendant ce temps je prépare deux ou trois affaires : en théorie je n'ai besoin de rien pour la greffe, mais si une fois sur place tout était annulé, il faudrait bien avoir de quoi passer 24h.

Une demie-heure plus tard, ma mère et moi embarquons. Mon père nous rejoindra en voiture, le temps de fermer la maison...
Dans l'ambulance, je téléphone à tout mon petit monde. Et j'évoque avec ma mère la conduite à tenir si d'aventures l'opération se déroulait mal.
Ambiance lourde.

Je m'attendais à ce que l'ambulance roule à fond sur l'autoroute, mais non, on se tape un petit 130... Arrivés à Saint Arnoult, la gendamerie n'est pas là ! Coups de fils furibards. On s'était pourtant mis d'accord !
Les motards et la voiture nous retrouvent plus tard... C'est assez fun la traversée de Paris avec escorte !

Arrivés au Grand Hopital Enigmatique Parisien (GHEP), direction une chambre où l'on me prépare... Douche à la bétadine, rasage, etc. Puis l'attente : je ne descends au bloc que vers deux heures du matin. Mon père nous a rejoint et nous attendons le moment fatidique où il faudra se séparer...

- Toc toc ! On y va !
Bisous, adieux.
Bizarrement je suis assez calme. Arrivé au bloc, tout va assez vite. J'insiste pour qu'on me laisse pioncer le plus longtemps possible après. Je n'imagine pas à quel point je vais être exaucé !

- ca va ?
- ça va...
- je vous endors : détendez-vous...

Instant magique pour moi qui ai tant de mal à trouver le sommeil: je glisse dans les bras de Morphée en cinq secondes ! Zou !

Le noir.

Dix-sept heures d'opération plus tard, je suis de retour dans le service de réanimation, inconscient, perfusé de partout, des drains sur tout le corps, intubé et ventilé, deux immenses cicatrices en plus avec fils et agrafes...

On a frôlé la catastrophe. Très faible, avec des complications dues à mon état de délabrement avancé, je donne du souci aux soignants et à ceux qui attendent de mes nouvelles.

Pendant un mois, je ne verrai rien de ce qui se passe. Sous l'emprise des drogues, je me suis réveillé une fois et j'ai commencé à m'agiter, parait-il. Ni une ni deux : on m'a rendormi.

J'émerge aux alentours du 2 juin dans un monde curieux : j'ai à la fois conscience et j’interprète tout ce qui se passe autour en le plaçant dans un scénario de délire ! Mes rêves étaient déjantés, mon semi-réveil l'est encore plus ! Alors je résume parce que c'est assez gratiné :

Tout d'abord je m'imagine que j'ai été opéré à Paris pour les poumons, mais que pour le foie, il faut m'opérer en Australie... A Paris, une fois l’hôpital terminé, je suis laissé sur un trottoir en attendant l'ambulance. Dans le bâtiment d'à côté, on mène des expériences bizarres sur le psychisme des gens : ça ressemble beaucoup à certains épisodes un peu abscons de "Chapeau melon et bottes de cuir". Une équipe me trouve sur le trottoir et m'emmène dans ce centre à la con.

On me lâche dans des labyrinthes, des espèces de cellules d'isolement où l'on me teste. Angoissant.

Finalement, l'expérience cesse: ma famille vient me récupérer et me charge dans un avion.
Je me réveille sanglé sur un lit dans un coucou, et je jette un oeil autour: pas de doute, je suis pour une raison inconnu dans le hangar d'un aéroport en Afrique... Un pays en guerre car il y a des gros miliciens blackos qui surveillent. L'un deux me garde.

J'essaye de lui dire qu'il y a erreur, que je devrais être en Australie mais il ne comprend pas. J'essaye de lui dire qu'il faut que j'appelle de la famille, que je passe un coup de fil à mon ambassade. Rien. Je lui dit "laissez moi partir ! j'ai de l'argent !". Que dalle ! Les valeurs se perdent dans les républiques bananières !

Après c'est un peu flou, mais je me souviens que ma famille s'est mobilisée comme pour les otages en Irak. A l'occasion d'un voyage protocolaire, le président de la république touche deux mots à son homologue qui accepte de me faire libérer. Mes parents font des photos avec Chirac (!) et je suis chargé dans un gros porteur pour l'Australie...

Pourquoi l'Australie ? Parce que le seul foie disponible est là bas, mais qu'on accepte de me le greffer uniquement si l'une de mes tantes fait un don de cornée en échange. Ce qu'elle accepte ! Plus exactement, elle donne carrément un oeil.

Me voici donc au pays des kangourous... et là vous vous dites, la morphine : j'en veux ! :-)

(à suivre)

mardi 12 juillet 2005

L'été à l’hôpital...

J'avais lu il y a quelques années le livre de Christine Clerc "Cent jours à l'hopital"... Son journal de bord racontant son expérience malheureuse... Je vous donnerai des détails sur ce que je vis acuellement où ce qui s'est pasé ces derniers temps mais je me rends compte qu'elle avait bien traduit ce qui se passe dans la tête d'une personne alitée depuis des semaines et des mois !

Je vais essayer de commencer à vous raconter l'épisode "réveil" et les délires sous morphines et drogues : c'est fun ! Enfin, j'avais déjà narré mes rêves débiles, mais là, c'est encore plus fort !

A suivre, donc.

lundi 11 juillet 2005

Journée sans.

Pas trop dans mon assiette today.
Suis fatigué et n'ai pas beaucoup dormi...

En plus, j'ai toujours un mal de bide tenace. Faut dire que depuis deux mois, on me nourrit par une sonde nasale d'un nutriment liquide. Depuis 3 jours, je recommence à absorber des crèmes protéinées par la bouche et des yaourts. Quel plaisir...

Hier j'ai passé ma première journée sans le respirateur artificiel. Avec juste de l'oxygène par la trachéo. Ah vi, si je ne peux pas parler, c'est  parce que j'ai un joli trou dans la gorge avec un tuyau... Ca fait deux mois que je n'ai pas entendu le son de ma voix : l'autre jour, j'ai même failli appeller ma boite vocale pour m'écouter...

Aujourd'hui rebelote mais j'ai un peu plus de mal à respirer.

Après on passera à une déventilation diurne et nocturne et si tout se passe bien, on pourra enfin m'enlever cette trachéo.

Les kinés sont passés mais j'ai pu à peine faire un aller-retour dans la chambre alors que vendredi, j'ai fait une quarantaine de mètres.
Oui je sais, ça parait ridicule, mais après deux mois alité, le presque rien de fibres musculaires que j'avais s'est complètement évaporé !

Faut tout reprendre à zéro. Une seconde naissance... Bébé fait ses premiers pas. :-)

dimanche 10 juillet 2005

Le retour de l'enfant prodig(u)e !

Greg a fait un petit miracle: il me permet de me connecter au net !
Donc me revoici en ligne... Toinoo is back.

Bon j'ai bien entendu des tonnes de choses à vous raconter... alors je vais prendre le temps de taper tout cela et je posterai ces news dans les jours qui viennent...

Pour l'instant, j'aimerais juste dire deux choses.
Un big merci à tous ceux qui m'ont envoyé un mot ou des cadeaux: ca fait rudement du bien au moral !
Et merci à mon webmaster intérimaire qui vous a donné des infos ! Oui merci les zamis !

Deuxième chose : il n'y a vraiment que quand on est passé tout près de claboter et qu'on est aussi faible que je le suis en ce moment, qu'on se rend compte de la chance que cela peut être  d'être en bonne santé !

Alors faites moi confiance : CARPE DIEM !



You've got spam ! QUE DE SPAM !
tous ces mails à trier... à lire... ça occupe !

A propos de spam, j'aime bien recevoir du courrier postal aussi... Depuis 2 mois, les cartes et les photos envoyées par la famille et les zamis commencent un peu à recouvrir les murs blancs de la chambre.

Si le coeur vous en dit, envoyez moi une jolie carte postale de votre bled...

Le cartothon est lancé ! On va mettre de couleurs dans cet univers tristounet !

Et puis un mot manuscrit, ça a un petit supplément d'âme... Privé de mon ordi, j'ai retrouvé un réel plaisir à écrire quelques vraies lettres... Moi qui ne jurais presque que par les emails et sms !

dimanche 1 mai 2005

Le mois de la greffe !

J'ai été appelé le 1er mai 2005 vers 19h. Et cette fois, j'ai foncé.
Dans la voiture qui m'amenait vers un gouffre sans fond, j'ai appelé la famille, mes amis, ne sachant pas si je les reverrais un jour.

Dans ma tête, j'étais partagé entre l'espoir d'une réussite, et le curieux sentiment que j'allais partir en paix sur la table d'opération, ne plus me réveiller et mettre un terme à des mois de souffrance physique, morale, qui se lit d'ailleurs assez bien à travers ces extraits de mon "Cata-log".

L'article qui suit est une compilation de quelques posts que mon ami Gregoo s'est chargé de publier sur mon blog pour donner de mes nouvelles à mes lecteurs. En relisant ces messages bientôt 10 ans après, j'ai les larmes aux yeux de voir combien cet ami fidèle a été là, pour être le porte parole officiel de ces moments difficiles auprès de ceux qui suivaient mes "aventures". Et cela ravive le souvenir (le temps efface beaucoup de choses mais heureusement pas le meilleur) combien il a été un allié précieux, un soutien auprès de mes parents et bien-sûr, de moi-même durant toute la période de convalescence.

Greg, je te suis éternellement reconnaissant pour tous ces moments et ton dévouement. Merci.
Comme dirait Stephan Eicher, "je n'ai pas d'ami comme toi, pas d'autre ami."

02/05/05 - 1h28

Absence d'Antoine

Bonjour à toutes et à tous,

je prends la place d'Antoine sur ce blog, car celui-ci est malheureusement dans l'incapacité technique d'écrire ici.
Antoine vient d'être hospitalisé en urgence, et je ne peux malheureusement pas vous dire quand il pourra reprendre l'écriture de ce blog. Il m'a donc demandé de vous laisser ces quelques mots. Vous trouverez plus d'informations dans la section Catalog sur le pourquoi de cette opération.

Ayez une pensée pour Antoine, il en a bien besoin pour traverser ces moments difficiles. En espérant pouvoir le lire à nouveau très bientôt ...

Gregoo - webmaster intérimaire

1h35

Absence d'Antoine (le pourquoi du comment)

Bonjour à toutes et à tous,

Antoine ne peut plus tenir ce blog, car il vient d'être hospitalisé en urgence.

Ses posts précédents étaient assez prémonitoires.
Il vient donc cette nuit d'être emmené pour subir une intervention très délicate, une greffe de poumons et de foie.
On a beau s'y préparer, quand ça arrive, c'est le grand bouleversement.
Vous avez quelques minutes pour sauter dans une ambulance et foncer.
Quelques minutes pour vous préparer à recevoir les organes d'un autre.
Quelques minutes pour affronter une opération de haute technicité d'au minimum 7 heures. Avec tous les risques vitaux que cela comporte.
Et l'éventualité que tout soit annulé au dernier moment pour une raison ou une autre.

Voilà. On s'y attendait depuis des mois. En croyant que c'était loin. C'est aujourd'hui. C'est cette nuit. C'est prévu à 3 heures.

Si tout se passe bien, que l'opération a lieu, qu'elle se déroule correctement jusqu'au bout, ça sera une longue, très longue convalescence.

Je serai donc la voix d'Antoine sur ce blog, en attendant qu'il puisse à nouveau écrire. Antoine est un quelqu'un de formidable, je peux vous l'assurer, et tous ses amis pensent ce soir très fort à lui et à ses parents, dont l'état de stress doit être indescriptible. Reviens nous vite, Antoine !

Gregoo - webmaster intérimaire

07/05/05 - 11h57

Pensez à Antoine

L'opération d'Antoine a duré près de 24 heures, et un oedème s'est malheureusement déclaré.
Voilà maintenant plusieurs jours qu'Antoine est plongé dans une forme de coma. Les chances de survie sont minces, même si l'équipe médicale fait tout ce qui est possible pour nous le ramener.

Vous qui passez par ici, pensez à Antoine, il a besoin de beaucoup de soutien.

08/05/05 - 17h44

Légère amélioration

Les nouvelles du jour sont un peu plus rassurantes, même s'il faut rester extrêmement prudent.
Antoine est toujours dans un état critique mais certains points vitaux semblent s'améliorer, notamment l'oxygénation par ses "nouveaux" poumons, signe que l'oedème doit commencer à se résorber. Mais ce n'est qu'une toute petite étape, certes positive et encourageante.

Nous pensons tous très fort à lui, ça l'aide certainement à lutter pour rester parmi nous.

Gregoo - webmaster intérimaire

12/05/05 - 17h44

Réveil ?

Après une nouvelle grosse frayeur lundi, Antoine semble aller un peu mieux et aujourd'hui son corps donne des signes de "réveil". Il faut être très prudent, mais les médecins vont progressivement diminuer l'oxygénation extérieure afin de voir si Antoine peut sortir de son état comateux. C'est très long mais a priori c'est sur la bonne voie ...

Gregoo - webmaster intérimaire

20/05/05 - 17h36

Réveil !

Voilà, cette fois on peut dire qu'Antoine est réveillé ! :-)

Il est conscient, même s'il somnole beaucoup à cause des médicaments. Tout le monde a eu des frayeurs en début de semaine car une infection pulmonaire s'était déclarée, mais les médecins ont visiblement réussi à prendre le dessus hier.

Antoine reste en soins intensifs mais une nouvelle étape importante est franchie !

Gregoo - webmaster intérimaire

10/06/05 - 8h11

Laisser un message pour Antoine

Antoine est toujours en soins intensifs, sous surveillance. La situation se rétablit tout doucement, jour après jour. Mais il faudra encore beaucoup de temps et de patience.

Certains visiteurs de ce blog ayant manifesté la volonté de pouvoir envoyer un petit mot de soutien à Antoine, j'ai mis en place un formulaire qui vous permettra de laisser un message qui sera imprimé et transmis à Antoine. Ça lui fait très plaisir de recevoir des infos de l'extérieur, donc n'hésitez pas !


samedi 30 avril 2005

Précipice

J'ai de plus en plus l'impression d'avoir pris place dans un manège infernal. Une sorte de grand huit avec des tonneaux de la mort. Le gérant vient d'abaisser la barre de sécurité sur mes genoux et je suis pris d'une terrible angoisse en attendant que ça veuille bien démarrer... Je ne suis déjà plus maître de la situation depuis longtemps mais j'ai encore la possibilité de crier "Je suis enceiiiiinte ! Laissez moi descendre !".

Ca pourrait peut-être le faire, vu le bide que je me trimballe... (Hier encore, je me suis vu de profil dans la glace, en sortant de la douche, ça fait peur, je vous jure !)
Toutes les semaines, je vais accoucher de mes 5 litres de liquide... Et youpla, c'est reparti pour un tour : je suis immédiatement crevé, puis moins mal, puis je regonfle, puis je suis sur le point d'exploser, et rebelote...

A ce compte là, les semaines filent vite, et ça explique en partie mon silence radio et le fait que je vis de plus en plus tourné sur mes problèmes.
Je ne suis plus qu'une liste de pathologies, un cobaye pour le Vidal... J'étais pour faire don de mon corps à la science, mais je ne pensais pas que ce serait de mon vivant ! :-)

Alors avec tout cela, l'urgence semble plus claire encore. "Dans l'idéal, on aimerait vous greffer d'ici 4 ou 5 mois..." m'a-t-on dit. Il faut accélérer le processus, élargir la recherche de greffons disponibles (au delà de mon groupe sanguin, puisque je suis "receveur universel"...)
Aaah. Et donc, il faudrait que je sois aussi plus proche de Paris, ce serait mieux... Aaaah. Et que je fasse des bilans... Ouais. De toute manière, je suis demandeur car j'aimerais bien savoir ce qui cloche pour supporter un peu mieux les servitudes quotidiennes en attendant !

Alors me voilà reparti pour quelques semaines d'hospitalisation.
Me revoilà à la recherche d'un appartement sur Paris (voir annonce sur la page du blog principal)...
Me revoilà avec la mine sombre et l'esprit des mauvais jours.

En dépit du printemps, du beau temps,
du soleil et du vent
Le charbon s'amoncelle,
l'anthracite se ramasse à la pelle
Vous voyez que je n'ai pas oublié
la funèbre oraison qu'il faut redouter...

mardi 5 avril 2005

Noir c'est noir

J'ai un peu hésité à publier ce post, et puis après tout, on joue le jeu ou pas... J'ai signalé que ces pages seraient les plus intimes et/ou/donc les plus noires, alors je tiens ainsi ma promesse.

Ceux que ça dérange peuvent passer leur chemin...

Eh bin voilà... A peine repris les posts que je suis à nouveau down... Je me demandais jusqu'à quand je tiendrai dans le dernier post... Réponse : lundi.

La journée fut rock'n'roll... Je me demandais si je n'allais pas claquer d'un arrêt. J'avais gonflé à vue d'oeil dans la journée, mes jambes ne me portaient plus et j'avais le souffle court...

A 17h, direction l'ostéo pour tenter d'activer un peu quelques points de réflexologie et soulager les lombalgies. De quoi tenir jusqu'à ce matin.
Nuit sympa aussi, dans ces conditions...

Ce matin, quoiqu'un peu mieux, je file me faire piquer le bide. Je suis bien rodé à présent... Je colle ma petite pommade anesthésiante avant de partir, mes petites affaires... On arrive presque à la "routine". Je m'étonne d'être si calme d'ailleurs pour une opération qui n'est somme toute ni très marrante ni très bonne augure lorsqu'elle devient aussi régulièrement indispensable.
- Attention je pique ! Voilà c'est fait ! Je vous ai fait mal ?

Je retiens un sourire en repensant au sketch de Muriel Robin dans le salon de coiffure... Mais la doctoresse n'a probablement pas la tête à discuter de ça à 9 heures du mat'... En plus : même pas mal !

Je me vide de ma flotte. 3 litres et demi plus tard, on inverse la tendance : on supplémente le sang en passant un flacon d'albumine. Et pic ! Un trou de plus dans le bras... Pas grave hein... Je suis une vraie passoire, à force. Retour maison dans l'après midi. Déjeuner. Glycémie trop élevée. Suis HS... Pfff. C'est quand qu'il s'arrête ce manège ? C'est où qu'on descend !??

J'ai vaguement l'impression d'être un rat de laboratoire auquel on fait subir le stress maximal pour connaitre sa résistance à la douleur physique et morale : pénible !

Je commence sérieusement à être usé. La maladie a raison de moi. "Et le sens de l'humour, je l'ai per-duuuu" comme dirait Marc Lavoine. Ça me bouffe de l'intérieur, de l'extérieur, ça attaque tout.

En ce moment, je culpabilise de plus en plus. Que je pourrisse sur pied, passe encore, j'ai eu le temps de me faire à l'idée de cette déchéance même si elle est un peu précipitée.

Mais que la maladie détruise tout autour de moi, ça me débecte. J'ai beau me dire que je ne suis pas responsable de cet état de fait (quoiqu'il me soit possible d'y mettre un terme facilement) je ne me supporte plus de trimbaler ma tonne d'emmerdes avec moi, et qu'elle contamine tout alentour.

Actuellement, c'est dans la cellule familiale que ça devient raide. Souvent tendu. Il est vrai que se cogner un dépressif grabataire en permanence, ça n'aide pas à rester zen. En revanche, c'est sans doute ce qui a contribué à coller un zona à ma mère...

Ce soir, j'étais crevé et de mauvais poil. Alors n-ième engueulade père-fils sur le thème de l'alimentation et de mes taux de glycémie qui déconnent parfois... Chacun finit dans son coin...

Depuis que j'étais sur Paname, j'étais assez content de voir que mon indépendance servait la leur (du moins en avais-je l'impression). Je devrais continuer de les entendre dire "on part en vacances ici, ceci-cela...".

Au lieu de ça c'est plutôt "Hébé non, on ne part pas, et puis des fois qu'il y ait la greffe..."
Tout est figé. Ou tout se délite. Chacun se réfugie dans son monde. La vie commune ne s'organise qu'autour de mes emmerdes, et encore. Les tâches sont réparties.
Il en faut toujours un pour veiller "Tanguy".

Je rêve pourtant de reprendre un peu le large. Ce n'est pas la volonté qui manque ! Mais non. Le corps se dérobe souvent et trahit mes projets. Même ceux d'un week-end prolongé pour me changer d'air... Je me dégoute, une fois de plus.

C'est quoi cette vie ? A force, je n'ai plus envie de rien. Tout effort m'est pénible. Je ne m'intéresse plus à rien, ou pas grand chose. Je trompe mon ennui avec de l'aspartam de travail ou des servitudes quotidiennes.

J'attends quoi ? J'attends la délivrance.
Je n'ai plus la tête à quoique ce soit d'autre. Je n'ai plus de forces pour me battre.

La patience et l'entrain de ceux qui me protègent s'amenuise également. J'ai l'impression d'une baisse de régime générale.

J'arrête là le post car j'ai la nausée. Une seule envie : prendre un somnifère, poser la tête sur l'oreiller et tout oublier. Dormir... Dormir... Dormir... Un siècle ou deux. Ou ne jamais me réveiller.

Tiens : c'est l'heure de faire ma dextro... En me piquant le doigt, je ferai peut-être comme dans la belle au bois dormant ? Pourvu que je tombe en catalepsie !

samedi 2 avril 2005

Vi vi vi ! Toujours là, hein... Sauf que j'en bave pas mal côté santé (voir CATA-log, le weblog des catastrophes) Plus vraiment envie de rien, ni de poster, ni de surfer, ni de bosser, bref : RIEN !!! Alors silence radio ! Tout le monde retient son souffle. "Houston ?! Nous avons un problème..."

Et puis une acalmie dans la tempête. L'oeil du cyclone. Un rayon de soleil de printemps... Une heure se passe sans être trop mal. Deux. Trois...
On recupère un chouilla d'énergie, d'envie... La communication est rétablie, même si ce n'est que partiellement. Même si dans quinze minutes je suis à nouveau naze.

Alors voilà: un premier post pour se dégourdir à nouveau les doigts et constater que ça n'est pas si difficile que ça de taper quelques mots, parfois.
Ouf ! J'y suis arrivé !

Bon, pisque ma santé me donne du fil à retordre, je coupe le ruban (couic !) inaugural de la catégorie DIABETO-log ... Faut dire que depuis 2 mois, j'en vois des vertes et des pas mures, notamment avec ma glycémie...

Résumé des épisodes précédents... Tout s'est agravé depuis janvier et avec deux mois d'antibiotiques en intraveineuse, j'ai bien morflé... J'en ai fini par voir non pas "en rouge et noir" comme Jeanne Mas, mais en jaune et bleu du matin au soir... Ca fait très drôle de passer son temps à voir la vie comme si vous aviez des lunettes jaunes fumées en permanence sur le nez...

J'aime beaucoup l'atmosphère et la lumière de certains tableaux de peintres flamands, mais pas au point de vouloir vivre "à la bougie" en permanence... Surtout pour un graphiste... Pour bosser sur un écran: très pratique pour voir les couleurs ! Merci BIEN !!! Ah oui ! Bravo !
Enfin j'dis ça, mais avec la forme que je tenais (que je tiens parfois encore) impossible de bosser...

Glycémie : 300 mg (3 fois la norme !!!) : je suis à la limite du coma... La gerbe. Je dors sur place. Je m'endors sur les chiottes. Je m'effondre à table. Je délire. Je tiens des propos incohérents dont je n'ai aucun souvenir... Ah bon ? Vous dites ? Non aucun souvenir des trois jours qui viennent de passer... J'ai faim. J'ai soif. Oh merde une hypoglycémie à 40 mg... Faut faire des "dextro" pour contrôler le taux de sucre... Et vas-y que je te pique le bout des doigts, avant, après manger, deux après, la nuit, le jour... Et que je m'injecte de l'insuline à chaque fois que j'avale un truc...

Manger ? Oui... Maaaaais QUOI !? Sans sucre... (Merde !!!) Ah ? Et sans sel aussi ? (Berk !) Ah ??!! Et sans potassium ???! Bon... Et sans trop boire mais tout de même... (Tout dépend où on place le "tout de même") Et bien entendu sans trop de graisse paskeu j'aime pas... SIMPLE QUOI !!!

Un pote est passé me voir à l’hôpital pendant l'un de mes séjours là-bas, je lui ai dit :"heureusement que tu ne m'as pas apporté de fleurs: je l'aurais BOUFFE, ton bouquet !!!"

Depuis quelques jours, les choses semblent se calmer et se normaliser enfin... (jusqu'à quand ???) Mais j'ai toujours des reins et un foie qui déconnent... Ça fait maintenant un an que j'ai le bide comme une éponge. Bilan : faut "purger" la bête pour éviter qu'elle éclate et qu'elle salope tout ! Alors de temps en temps : direction l’hôpital et vlan ! Une aiguille dans le bide pour vider la baudruche... (Comme les alcooliques que je croise dans le service...) On pose ses 3 Kg de flotte (je vis comme un accouchement à chaque fois !) et on repars plus léger... La semaine d'après, rebelotte !

LE BONHEUR, je vous diiiiis !

Elle est pas belle la vie ? Mmmh ?

jeudi 20 janvier 2005

Alors ?

Bon eh bien, depuis tout ce temps... "Pas de nouvelles, mauvaises nouvelles" comme le dit le proverbe toinesque... Je suis à 10 jours de cure intra veineuse et la santé est toujours moyenne... Seuls points positifs: l'appétit et les méninges sont de retour !

Je me suis fait des cadeaux originaux pour Noël cette année : un oxymètre de doigt (non ce n'est pas pervers !) : il s'agit juste de mesurer le pouls et l'oxygénation du sang avec un capteur sur le doigt (Bienvenue dans la méthode Coué à domicile !) Autre cadeau: un cataplasme pour chauffer mon petit dos et tenter de dé-contracturer efficacement ce qui me reste de viande autour des os...

Pour mon anniversaire, je m'offrirai peut-être une convention obsèques Norwich Union ? A suivre...