vendredi 15 août 2014

Psy, Psy bis, Psy ter, Psy quater, Psy quinquies, Psy sexies.

Pour ceux qui prennent l'histoire en route, pour une fois c'est simple : il suffit d'aller pêcher l'article précédent...

PREVIOUSLY dans ma vie de merde, après avoir déjà essayé deux psys et avoir abandonné...

J'oublie dans le précédent article de mentionner rapidement les visites impromptues de la psy "ter" qui venait me voir en réanimation. Va parler à un psy avec un trou dans la trachée, hein !

J'écrivais sur une ardoise, et mal, parce que mes mouvements ressemblaient un peu à ceux de Mike Tison quand on lui demande de sucrer les fraises. Devant mon désarroi de subir ce traitement post-op' dégradant qui se prolongeait comme je l'avais tant redouté, les pilules pour voir en rose sont arrivées par la sonde de gavage sans tarder...

Je dois dire que j'ai assez peu de souvenir de cette psy, juste que son regard me renvoyait plutôt un sentiment de pitié que de simple compassion. Son écoute avait quelque chose de dérangeant, je ne saurais tout à fait dire pourquoi. Je ne dis pas que c'est la réalité, loin de là, et quand on sait dans quel pays je croyais me trouver - l'Australie - on met beaucoup de bémol sur mon équilibre mental d'alors, complètement shooté à la morphine ! Sans doute n'étais-je pas non plus dans des dispositions qui me permettait de recevoir correctement l'empathie dont elle faisait preuve, qu'elle ait été feinte ou non.

A cette époque, comme mes parents traversaient une période difficile pour leur couple, tant la tension était grande à cause du pronostic vital me concernant, cette psy leurs avait également proposé ses services. Sans beaucoup plus de succès d'après ce que j'en ai compris après. Question de méthode, morosité familiale ou rejet de la psy par tout le "clan" des trois ?

ELLIPSE.

Nous sommes donc quelques années après ma greffe foie-poumons. Oui : poumons avec un S car j'en ai eu deux pour le même prix. J'ai une carte vitale VIP plaquée or, cherchez pas ! (Nota bene : au prix que ça coûte au kilo et vu qu'on peut sauver deux personnes avec le même donneur, maintenant, ils préfèrent ne vous en filer qu'un la plupart du temps !) J'ai repris une activité professionnelle. Plus exactement, j'ai préféré changer de métier, je me suis mis à écrire.

Un sentiment inconnu et vertigineux s'empare alors de mézigue, lorsque je constate le temps qui s'offre à moi désormais. Je renoue avec un merveilleux objet qui s'appelle un agenda. Je peux pousser l'audace jusqu'à prévoir des vacances ou des rendez-vous 6 mois à l'avance ce qui n'était plus arrivé depuis des années. Un vrai changement !

Et cette capacité à me projeter dans l'avenir est sans doute ce qui me permettra bientôt de tomber amoureux. (Excusez la concordance des temps dans le récit mais les allers-retours dans le passé, l'histoire qui se continue dans le présent, et le fait que je change de point de vue selon que je me projette ou dans à l'époque du récit complexifie un peu les choses...)

Bref, tout semblait aller de mieux en mieux. A cette époque, malgré toutes les difficultés, le suivi, les angoisses, et j'en passe, je n'ai jamais été aussi en forme. Peut-être pas de toute ma vie, mais depuis un bail. Je fourmillais d'idées et de projets qui me permettraient de rattraper le temps perdu et j'avais eu la chance de connaître un premier succès en travaillant comme scénariste tv.

Donc quand le héros de l'histoire vit une période faste et d'accalmie relative, ça devient chiant dans le film...

Vous les sentez venir les emmerdes ?

A ce tableau idyllique, il y a un bémol : des reins en mauvais état. Le fruit de nombreuses années de cures antibiotiques avec des produits pour tuer un éléphant. Le fruit de déjà 5 ans d'anti-rejets et autres médicaments néphro-toxiques. Le fruit du diabète aussi. C'est moi ou ça sent le roussi ?

Je fais de l'hypertension car mes reins n'éliminent pas autant qu'ils devraient. On me pique à l'EPO parce qu'ils n'en produisent pas assez. Je commence à avoir des œdèmes et différents problèmes qui ne laissent plus place au doute : il faudra dialyser après avoir créé une fistule. Puis greffer d'un rein. Donc à nouveau s'engager sans tarder dans un parcours pré-greffe, puis l'attente, la greffe, le suivi. Même si ce genre d'opération est une formalité quand on a connu ce par quoi je suis passé avant, le retour à cet état de dépendance et de santé qui se dégrade me pousse à tomber dans les bras du premier psy qui passe par là.

Cette fois, je n'attends pas. Je veux consulter et qu'on me colle au Stablon histoire de passer le cap en douceur. C'est le début d'une re-consultation de -chologues ou de -chiatres.

Je vois Doc Brown qui est un chercheur en science de la boîte crânienne et qui veux démontrer que la dépression c'est pas bon pour la santé. Genre quand t'es très très déprimé, tu ouvres la fenêtre de ton bureau chez Orange et tu sautes du 20ème étage. Donc c'est pas bon pour la santé, ni pour l'émail des dents. T'as vu ? Bon donc, direction le psy...

Alors je me re-raconte. De l'enfance à maintenant. En long, en large et en travers. Je raconte les souvenirs les plus douloureux comme les moments de mieux. Et quand ça va pas, j'ai des pilules.

Quand le -chiatre est appelé vers d'autres missions, parce qu'il cherche toujours à protéger l'émail des dents des gens qui sautent (ce sont les joies de l'APHP : il y a aussi du turn-over...), il botte alors en touche vers un autre -chologue.

Je vois donc le jeune docteur Smala, qui est juif tunisien avec un joli prénom romain. (Je suis bien polonais avec un prénom romain — Ils font chier tous ces étrangers qui viennent manger le pain des français — TA GUEULE ! Voilà.) Il a quelque chose d'un présentateur télé très chevelu qui fait deviner des mots en morceaux dans le poste. Smala est aussi un -chiatre, chef de clinique c'est à dire qu'il est obligé d'écouter mes conneries à l'hosto le temps de se tirer de là pour ouvrir son cabinet en ville (ou qu'il puisse chopper un poste ailleurs)...

Alors je me re-re-raconte. De l'enfance à maintenant. En long, en large et en travers. Je raconte les souvenirs les plus douloureux comme les moments de mieux. Tout pareil. Et quand ça va pas, j'ai des pilules.

Quand le -chiatre est appelé vers d'autres horizons, son clinicat se termine - c'est la quille ! - le doc changeant d'hôpital, il botte alors en touche vers une autre -chologue.

Je vois donc le docteur Lili-les-bons-tuyaux. Qui en plus est -chothérapeute. Chouette. J'ajoute illico sa vignette à mon album Panini des "Spécialistes vus".

Alors je me re-re-raconte. De l'enfance à maintenant. En long, en large et en travers. Je raconte les souvenirs les plus douloureux comme les moments de mieux. Tout pareil... et là vous commencez à vous lasser, moi aussi. Sauf que. Déjà, j'ai pas de pilules !

Et surtout : sauf que pour la première fois, je tombe sur quelqu'un qui me fournit de vrais outils et qui m'apprend à piloter mon cerveau. Notez que j'étais déjà dans la recherche de solutions en explorant la PNL et ce genre de disciplines, mais sans véritablement de succès.

Avec Lili, je dispose assez rapidement de conseils et de méthodes qui changent vraiment mon quotidien. Le simple fait d'apprendre à reconnaître les pensées automatiques ("c'est toujours sur moi que ça tombe" ; "je suis vraiment nul" ; etc.) qui vous viennent et empoisonnent votre moral, alors qu'elles ne reposent sur aucun fondement et ne sont pas du tout des évaluations objectives de la situation, c'est déjà un changement.

En abordant la thérapie des schémas comportementaux, en usant d'EMDR et de plein d'autres trucs dedans  c'est comme les yaourts avec des morceaux de fruits à l'intérieur  — ou en me faisant suivre un protocole de pleine conscience, je peux dire que ma situation n'a jamais autant évolué, que durant l'année qui vient de s'écouler.

Comme elle le dit elle-même "c'est pas conventionnel mais c'est ma tambouille à moi"... C'est vous dire la chance que j'ai d'avoir une psy qui est capable de vous servir des cocktails de trucs dont t'as même pas idée. Un fond de thérapie cognitive et comportementale, une grosse tranche de protocole de méditation, puis un gros zest d'EMDR et quelques cuillères de thérapie des schémas avec. J'ai avalé le tout en me pinçant le nez, mais ça n'était finalement pas si dégoûtant.

Et franchement, me mettre à la méditation n'était pas gagné d'avance, ce fut pourtant une vraie révélation.

Mais je ne voudrais pas que les psys précédents aient l'impression d'avoir servi à rien : ils étaient là au moment où il le fallait pour passer des caps difficiles. J'avais besoin d'une béquille pour continuer à avancer. Ou pour me remettre sur pied en usant parfois de molécules chimiques.

Bref, il m'ont permis de me tenir et de ne pas m'effondrer.

Mais Lili me propose d'autres approches qui me laissent à penser que je pourrai un jour remarcher sans béquille du tout. C'est autrement plus positif.

Par ailleurs, je suis acteur de cette thérapie, et non plus un récitant passif de mon vécu qui ne mène à rien d'autre qu'une séance suivante et ainsi de suite. A présent, j'arrive en séance avec un réel appétit pour ce que l'on va entreprendre et je suis tout déçu quand un rendez-vous est annulé pour raison d'agenda.

Le moment le plus étonnant, le plus déroutant, le plus scotchant de cette suite de rendez-vous est incontestablement ce que nous avons accompli sur THE traumatisme que je trimbalais depuis mes 14 ans, vous savez... Mais siiiii : les souvenirs les plus douloureux. Vous voyez, on y revient ! Oui, mais justement, cette fois : pour ne plus y revenir.

Et je vous raconte pourquoi dans le prochain épisode avec Lili-les-bons-tuyaux. :-)

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