dimanche 24 juillet 2005

Joyeux anniversaire, si on veut.

Donc j'ai eu 30 ans le 19 juillet...

Pas un jour faste, hélas. J'étais hs et stressé. Angoissé.
Autant dire que c'est un mauvais souvenir que j'aimerais effacer... Peut-être que je pourrai en atténuer la portée en faisant des mégas teufs ensuite... On verra.

En attendant j'ai trente ans.
Oh mon diiiiiieu ! Déjà ?!
Mais je suis pourtant à peine sorti de l'adolescence !!!

La greffe et ce jour anniversaire m'auront renvoyé dans la gueule mes angoisses et m'aura fait prendre conscience que la peur de la mort m'a empêché de vivre autant que la maladie elle-même.
Ma mort, bien-sûr mais aussi celle de mes proches dont je suis encore si dépendant pour une personne de trente ans !

En voyant mes parents me coocooner autant, une jeune infirmière m'a envoyé dans la gueule que c'était de l'infantilisme avec un air plus ou moins méprisant...

Oui et alors ? Après tout. Ces liens sont si fragiles parfois... Ça vous débecte de savoir qu'entre nous ils sont aussi forts ? Si cette énergie ne m'avait pas été donnée, si je n'avais pas été un enfant, un ado, une jeune adulte cajolé, aurais-je eu envie de cette greffe ?

Ma survie, c'est aussi pour eux. Parce que j'ai envie qu'ils continuent à m'entourer... Je veux encore des câlins, des bisous, des moments à passer ensemble, partager le plus possible avant qu'il ne soit trop tard. Et puis j'ai une obligation morale envers eux aussi. C'est aussi ce qui a fait que je n'ai pas mis mes plans à exécution lorsque j'en avais la possibilité.

Notre société nous pousse à vivre tous en parallèle, à prendre le large.
Mais le modèle social de la tribu est à mes yeux aujourd'hui le meilleur... Je crois que si je pouvais, je réunirais tout le monde dans un grand domaine pour que surtout surtout on ne se perde pas de vue.

Souvent, c'est en fin de vie qu'on cherche à revoir les copains d'enfance avec lesquels les liens se sont distendus, les cousins éloignés, ou les "ex" pour qui ont a passé sa vie à se dire "j'aurais bien le temps de les revoir"... Et puis on se retrouve comme un con au pied de la fosse, et on a que des regrets. Ou pire: des remords.

La perte de mes grands-mères me donne ce sentiment... Pourquoi n'en ai-je pas plus profité plus souvent ? Oui oui à cause de tout cela: des tonnes d'excuses. N'empêche. Aujourd'hui, quel vide !

Alors une chose est sûre, c'est que cette transplantation est loin d'avoir brisé le "clan". On va vivre encore plus forts les semaines et les mois à venir. J'ai une envie folle de revoir tout le monde et de profiter de ma famille.

Mon oncle et ma tante sont passés ce week end pour me voir. Le week end prochain : ce sera mon cousin et sa famille. Entre temps, Henry et Françoise : mon kiné et mon infirmière qui rentrent de Saint Pierre et Miquelon... Greg fera également un saut m'a-t-il dit ...

La semaine prochaine, si tout va bien je passe en chambre normale ! Enfin ! Enfin ça bouge ! Enfin du changement ! Il était vraiment temps...

mercredi 13 juillet 2005

Résumé des événements, épisode 1

Alors tout à commencé le 1er mai... Quand j'y pense, c'est drôle : j'habite impasse du muguet, juste en bas de la "rue du 1er mai"...
Coincidence...

19h : Virginie, ma kiné, débarque à la maison pour une séance de désencombrement. A peine installés, le téléphone sonne. C'est l'hopital Pompidou : un greffon est disponible.

J'avais décliné une première occasion, mais là, je suis tellement mal en point que je n'ai que deux alternatives : refuser et crever à petit feu, ou accepter l'épreuve que je redoute tant.
- j'arrive !

Virginie descend prévenir mes parents qui sont dans le jardin. Ils reviennent un peu affolés...
Mon père prévient les ambulanciers, et la gendarmerie pour nous escorter jusqu'à l'autoroute... Pendant ce temps je prépare deux ou trois affaires : en théorie je n'ai besoin de rien pour la greffe, mais si une fois sur place tout était annulé, il faudrait bien avoir de quoi passer 24h.

Une demie-heure plus tard, ma mère et moi embarquons. Mon père nous rejoindra en voiture, le temps de fermer la maison...
Dans l'ambulance, je téléphone à tout mon petit monde. Et j'évoque avec ma mère la conduite à tenir si d'aventures l'opération se déroulait mal.
Ambiance lourde.

Je m'attendais à ce que l'ambulance roule à fond sur l'autoroute, mais non, on se tape un petit 130... Arrivés à Saint Arnoult, la gendamerie n'est pas là ! Coups de fils furibards. On s'était pourtant mis d'accord !
Les motards et la voiture nous retrouvent plus tard... C'est assez fun la traversée de Paris avec escorte !

Arrivés au Grand Hopital Enigmatique Parisien (GHEP), direction une chambre où l'on me prépare... Douche à la bétadine, rasage, etc. Puis l'attente : je ne descends au bloc que vers deux heures du matin. Mon père nous a rejoint et nous attendons le moment fatidique où il faudra se séparer...

- Toc toc ! On y va !
Bisous, adieux.
Bizarrement je suis assez calme. Arrivé au bloc, tout va assez vite. J'insiste pour qu'on me laisse pioncer le plus longtemps possible après. Je n'imagine pas à quel point je vais être exaucé !

- ca va ?
- ça va...
- je vous endors : détendez-vous...

Instant magique pour moi qui ai tant de mal à trouver le sommeil: je glisse dans les bras de Morphée en cinq secondes ! Zou !

Le noir.

Dix-sept heures d'opération plus tard, je suis de retour dans le service de réanimation, inconscient, perfusé de partout, des drains sur tout le corps, intubé et ventilé, deux immenses cicatrices en plus avec fils et agrafes...

On a frôlé la catastrophe. Très faible, avec des complications dues à mon état de délabrement avancé, je donne du souci aux soignants et à ceux qui attendent de mes nouvelles.

Pendant un mois, je ne verrai rien de ce qui se passe. Sous l'emprise des drogues, je me suis réveillé une fois et j'ai commencé à m'agiter, parait-il. Ni une ni deux : on m'a rendormi.

J'émerge aux alentours du 2 juin dans un monde curieux : j'ai à la fois conscience et j’interprète tout ce qui se passe autour en le plaçant dans un scénario de délire ! Mes rêves étaient déjantés, mon semi-réveil l'est encore plus ! Alors je résume parce que c'est assez gratiné :

Tout d'abord je m'imagine que j'ai été opéré à Paris pour les poumons, mais que pour le foie, il faut m'opérer en Australie... A Paris, une fois l’hôpital terminé, je suis laissé sur un trottoir en attendant l'ambulance. Dans le bâtiment d'à côté, on mène des expériences bizarres sur le psychisme des gens : ça ressemble beaucoup à certains épisodes un peu abscons de "Chapeau melon et bottes de cuir". Une équipe me trouve sur le trottoir et m'emmène dans ce centre à la con.

On me lâche dans des labyrinthes, des espèces de cellules d'isolement où l'on me teste. Angoissant.

Finalement, l'expérience cesse: ma famille vient me récupérer et me charge dans un avion.
Je me réveille sanglé sur un lit dans un coucou, et je jette un oeil autour: pas de doute, je suis pour une raison inconnu dans le hangar d'un aéroport en Afrique... Un pays en guerre car il y a des gros miliciens blackos qui surveillent. L'un deux me garde.

J'essaye de lui dire qu'il y a erreur, que je devrais être en Australie mais il ne comprend pas. J'essaye de lui dire qu'il faut que j'appelle de la famille, que je passe un coup de fil à mon ambassade. Rien. Je lui dit "laissez moi partir ! j'ai de l'argent !". Que dalle ! Les valeurs se perdent dans les républiques bananières !

Après c'est un peu flou, mais je me souviens que ma famille s'est mobilisée comme pour les otages en Irak. A l'occasion d'un voyage protocolaire, le président de la république touche deux mots à son homologue qui accepte de me faire libérer. Mes parents font des photos avec Chirac (!) et je suis chargé dans un gros porteur pour l'Australie...

Pourquoi l'Australie ? Parce que le seul foie disponible est là bas, mais qu'on accepte de me le greffer uniquement si l'une de mes tantes fait un don de cornée en échange. Ce qu'elle accepte ! Plus exactement, elle donne carrément un oeil.

Me voici donc au pays des kangourous... et là vous vous dites, la morphine : j'en veux ! :-)

(à suivre)

mardi 12 juillet 2005

L'été à l’hôpital...

J'avais lu il y a quelques années le livre de Christine Clerc "Cent jours à l'hopital"... Son journal de bord racontant son expérience malheureuse... Je vous donnerai des détails sur ce que je vis acuellement où ce qui s'est pasé ces derniers temps mais je me rends compte qu'elle avait bien traduit ce qui se passe dans la tête d'une personne alitée depuis des semaines et des mois !

Je vais essayer de commencer à vous raconter l'épisode "réveil" et les délires sous morphines et drogues : c'est fun ! Enfin, j'avais déjà narré mes rêves débiles, mais là, c'est encore plus fort !

A suivre, donc.

lundi 11 juillet 2005

Journée sans.

Pas trop dans mon assiette today.
Suis fatigué et n'ai pas beaucoup dormi...

En plus, j'ai toujours un mal de bide tenace. Faut dire que depuis deux mois, on me nourrit par une sonde nasale d'un nutriment liquide. Depuis 3 jours, je recommence à absorber des crèmes protéinées par la bouche et des yaourts. Quel plaisir...

Hier j'ai passé ma première journée sans le respirateur artificiel. Avec juste de l'oxygène par la trachéo. Ah vi, si je ne peux pas parler, c'est  parce que j'ai un joli trou dans la gorge avec un tuyau... Ca fait deux mois que je n'ai pas entendu le son de ma voix : l'autre jour, j'ai même failli appeller ma boite vocale pour m'écouter...

Aujourd'hui rebelote mais j'ai un peu plus de mal à respirer.

Après on passera à une déventilation diurne et nocturne et si tout se passe bien, on pourra enfin m'enlever cette trachéo.

Les kinés sont passés mais j'ai pu à peine faire un aller-retour dans la chambre alors que vendredi, j'ai fait une quarantaine de mètres.
Oui je sais, ça parait ridicule, mais après deux mois alité, le presque rien de fibres musculaires que j'avais s'est complètement évaporé !

Faut tout reprendre à zéro. Une seconde naissance... Bébé fait ses premiers pas. :-)

dimanche 10 juillet 2005

Le retour de l'enfant prodig(u)e !

Greg a fait un petit miracle: il me permet de me connecter au net !
Donc me revoici en ligne... Toinoo is back.

Bon j'ai bien entendu des tonnes de choses à vous raconter... alors je vais prendre le temps de taper tout cela et je posterai ces news dans les jours qui viennent...

Pour l'instant, j'aimerais juste dire deux choses.
Un big merci à tous ceux qui m'ont envoyé un mot ou des cadeaux: ca fait rudement du bien au moral !
Et merci à mon webmaster intérimaire qui vous a donné des infos ! Oui merci les zamis !

Deuxième chose : il n'y a vraiment que quand on est passé tout près de claboter et qu'on est aussi faible que je le suis en ce moment, qu'on se rend compte de la chance que cela peut être  d'être en bonne santé !

Alors faites moi confiance : CARPE DIEM !



You've got spam ! QUE DE SPAM !
tous ces mails à trier... à lire... ça occupe !

A propos de spam, j'aime bien recevoir du courrier postal aussi... Depuis 2 mois, les cartes et les photos envoyées par la famille et les zamis commencent un peu à recouvrir les murs blancs de la chambre.

Si le coeur vous en dit, envoyez moi une jolie carte postale de votre bled...

Le cartothon est lancé ! On va mettre de couleurs dans cet univers tristounet !

Et puis un mot manuscrit, ça a un petit supplément d'âme... Privé de mon ordi, j'ai retrouvé un réel plaisir à écrire quelques vraies lettres... Moi qui ne jurais presque que par les emails et sms !