samedi 22 avril 2006

Demain, sûrement !


Ma vie ? Le royaume de la précarité.

"Qu'est-ce que je fais." Cette expression me ressemble : ni une exclamation, ni une interrogation. Ni, ni. Et, et. L'absence de choix perpétuelle. Rien n'est fait, tout est possible. Opportunisme. Attentisme. Lâcheté : les trois mamelles de ma liberté.

Choisir ? Un contrat ? Oui, mais sans engagement : autrement dit le contrat sans le contrat. Rien. Que du vent !

Ma vie était trop chaotique. Trop d'espoirs déçus. Je me suis fermé. Je meublais avec peine le présent, je vivais au passé, si réconfortant pour ses certitudes.

Ma vie c'était gris. Gris clair. Gris foncé, parfois très foncé. Ou beige : il n'y a pas de beige clair ou de beige foncé. Beige n'est pas une couleur, c'est une absence de choix esthétique. Ni jaune, ni gris, ni blanc. Ca se fond avec tout. Ca accepte tout. Sans broncher, ça se laisse faire.

Je me complaisais dans l'entre deux. Le crépuscule, l'aube. Dans le dégradé des zones d'ombre. Ma vie s'accommodait très bien de l'ambigu en même temps que je fustigeais l'incertain chez les autres : eux avaient la liberté de choisir ou de tout prendre. Je devais composer tout le temps, ou renoncer.

Je n'ai pas appris non plus à dire "nous", parce qu'au fond j'étais seul au monde.
Parce que je ne voulais pas décevoir, causer du tort, je n'ai pas laissé certains s'attacher ou bien j'ai fait mine de ne pas croire à leurs sentiments. J'ai joué lâchement la désinvolture.
Ça m'a coûté beaucoup plus que ce que certains veulent bien penser : c'est dur de se vouloir seul au monde, de s'enfermer dans sa tour d'ivoire.

J'espérais chaque soir que ma dernière nuit arrivait mais je dormais la lumière allumée pour repousser les ténèbres.

J'assume mes contradictions d'autant plus volontiers que je leur tourne à présent le dos.

" J'aperçois un méchant ciel bleu,
J'aimerais pouvoir dire qu'il pleut… "

Aujourd'hui tout a changé.
Je célèbre chaque jour qui se lève.
Je loue ceux qui sont les artisans de ce miracle.
Ceux et celles dont les pensées m'accompagnent...
A nouveau, je crois…

Mais je mets du temps à m'adapter. Faire des projets, construire pour la durée : je n'ai pas ce réflexe.
J'apprends. Et parce que je suis déjà bientôt à l'âge du Christ, je m'adapte lentement.
Rome ne s'est pas faite en un jour !

Excuse moi : je n'ai pas encore appris à penser l'avenir...

(article exhumé de mon ancien blog)